Monsieur le Maire,
Il s'agit du quatrième budget de votre mandature, celui du mi-mandat.
Vos orientations et vos options ne sont pas les nôtres. Nous vous l'avons
souvent dit. Le débat du mois de décembre sur le Budget Primitif nous laissera
le temps de renouveler les critiques que nous avons déjà faites et que nous
continuerons à faire.
Critiques sur l'augmentation continue du Budget de Fonctionnement et celle de
la masse salariale, certes, cette année moins forte avec ses 3%, que les coups
de massue que les deux derniers budgets avaient encaissés avec le recrutement
de plus de 4000 agents supplémentaires, sans accompagnement d'une évaluation
des services ni de redéploiement des effectifs.
Critiques sur la très forte hausse des impôts dans l'avenir, suscités par
l'inévitable et permanent recours à l'emprunt.
Critiques sur la faiblesse des autorisations de paiement en contradiction
avec vos déclarations sur la masse conséquente des investissements prévus.
Critiques sur cette permanente coproduction avec la Préfecture de Police en
matière de sécurité, qui coûte cher mais ou la ville ne contrôle rien.
Critique, enfin sur la prévisible paupérisation de notre ville, qui perd de
plus en plus d'emplois, phénomène accentué, par votre politique du logement
qui provoque le départ des classes intermédiaires. Le Président du groupe
Socialiste souffre d'amnésie ou d'incompétence sur sa comparaison des
politiques des précédentes mandatures à celle que vous menez aujourd'hui.
Votre politique provoque le départ des classes intermédiaires et mes
collègues, Geneviève Bertrand et Eric Azière reviendront sur ce sujet.
Mais derrière le débat sur les orientations budgétaires se cache une
réalité plus inquiétante, la réalité de votre action de Maire. Il faut nous
interroger sur votre méthode de gouvernance de la Ville et sur la lassitude qui
s'empare des Parisiens devant vos discours, habilement rassembleurs,
accompagnées par une communication aussi habile mais qui ne peuvent plus
occulter vos contradictions, l'absence d'une politique suivie et le manque de
résultats.
Je ne prendrai que deux exemples. Le premier concerne le drame sans
précédent que nous avons vécu cet été. A la suite de cela nous avons eu au
Conseil de Paris un débat digne, sans polémique qui a reflété la gravité de
cet événement. Yves GALLAND dans son intervention avait fait référence au
diagnostic de Pascal Champvert, Président de l'association des directeurs
d'établissements d'hébergement pour personnes âgées, qui demandait un Plan
Marshall pour les maisons de retraite parce que, nous rappelait-il : "
notre pays a 15 à 20 ans de retard en ce domaine ".
Naïvement, le Groupe UDF s'attendait à ce que dans les orientations
budgétaires, cette priorité se traduise par une réserve budgétaire forte au
détriment d'autres lignes budgétaires. C'est cela la solidarité. Réserve en
attendant des affectations précises en décembre après le rapport de la
mission canicule. Pour ne prendre qu'un exemple nous pensions, au moins, qu'une
partie du compte foncier serait réservé pour acheter des terrains pour ces
maisons de retraites. Nous nous attendions à ce que ces orientations
budgétaires intègrent les futures propositions de la mission canicule. Non !
Rien du tout ! Au contraire, vous anticipez sur les résultats de la mission
canicule concernant la climatisation, sujet qui prête pourtant à discussion.
Pire, les élus du septième arrondissement, lors de leur rencontre au sujet des
futurs aménagements des terrains de Laennec, vous ont entendu refuser la "
Maison de gérontologie " prévue depuis toujours, au motif que ce n'était
qu'un engagement de votre prédécesseur.
Après ce drame, votre seule action en ce domaine est de vous réfugier
derrière les augmentations mécaniques, apparemment spectaculaires d'un budget
pré affecté, mais qui ne sont que des obligations découlant des engagements
pris par les différents gouvernements sur l'APA.
Et ce que vous définissez comme votre politique à l'égard des seniors
consiste à continuer la politique déjà engagée par votre prédécesseur,
sans qu'il y ait de votre part une approche globale du problème du
vieillissement et dont vos résultats, notamment en ce qui concerne les centres
locaux d'information et de coordination, sont notoirement insuffisants (CLIC),
ce que nous avions déjà soulevé lors du débat de mars 2002.
Le deuxième exemple de cette incapacité à prendre les problèmes à bras
le corps, si ce n'est par des incantations, est la propreté de Paris. " Il
ne doit plus y avoir une crotte de chien dans les rues, à compter de mars 2002
", affirmait péremptoirement votre adjoint Monsieur CONTASSOT.
Monsieur le Maire, est-ce que vous vous promenez à Paris, notamment le
dimanche soir. Etes-vous fier de vos rues, rempli de crottes de chien et
d'objets encombrants ? Vous êtes vous rendu à la conférence générale de
l'UNESCO ? Le gratin du monde éducatif et culturel était là ainsi que de
nombreux chefs d'Etats. Si vous vous y étiez rendu, vous auriez vu tout ce
monde, à la sortie, patauger dans des contre allées sales, pleines de feuilles
mortes. Et je ne parle même pas des environs de la Tour Eiffel, ni du Champ de
Mars qui accueillent des millions de visiteurs. Quelle image donnons-nous ?
Vous êtes allés à Rome pour la " Nuit Blanche ", bien qu'il y
ait eu une panne de lumière, vous avez pu voir que cette capitale, comme toutes
les capitales européennes, est bien plus propre que Paris, qui devient la ville
la plus sale d'Europe, aux dires de tous nos concitoyens qui voyagent.
Oh bien sûr, vous allez me répondre il y a une enquête de satisfaction des
Parisiens sur la propreté, qui est très positive. Mais vous savez très bien
que cette enquête, trop cohérente pour être la photographie de la réalité
ne rejoint pas les opinions des Conseils de quartiers et de ce que les Parisiens
voient chaque jour. Vous-même en avez fait l'amère expérience dans le 10ème
arrondissement. La presse, traditionnellement complaisante avec le Maire de
Paris, a été obligée de s'en faire l'écho.
Alors, courageusement vous renvoyez la responsabilité de cet échec sur
votre adjoint, Monsieur CONTASSOT. Monsieur CONTASSOT, au-delà des mots, il
faut enfin agir ou partir. Parce que si vous ne le faites pas, chaque Parisien
sera amené à s'acheter un balai pour nettoyer lui même les rues de la
capitale.
Derrière ces deux exemples, vous voyez bien, Monsieur le Maire, que le
magicien que vous êtes ne peut plus cacher son aveu d'impuissance et que vos
orientations budgétaires sont, en partie, le reflet de cet échec.
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