Monsieur le
Maire,
Puisque je
suis le premier orateur de l’opposition inscrit, je voudrais vous dire que
nous sommes heureux de vous accueillir à nouveau dans cet hémicycle et que
nous nous réjouissons de vous retrouver.
Mais je vais
essayer d’oublier ce qui vous est arrivé et faire en sorte de ne voir qu’un
adversaire politique, parce que je sais qu’au fond de vous même, pour
reprendre une vie normale et oublier ce mauvais souvenir, vous attendez à ce
que votre opposition retrouve son rôle d’opposition et ne manifeste aucune
faiblesse à votre égard.
Monsieur le
Maire,
Dans cette
communication, nous retrouvons ce que, lors du précédent débat sur ce sujet,
en 2001, vous nous aviez annoncé et qui s’est réalisé.
Dorénavant les
administrateurs élus reçoivent une formation adéquate s’ils le souhaitent
et les commissions d’appel d’offre sont ouvertes à l’opposition.
Vous aviez
manifesté le souci d’améliorer les circuits d’information pour plus de
transparence, ce qui est fait, car nous sommes maintenant inondés de luxueuses
brochures sur papier glacé concernant chacune de ces SEM.
Mais est-ce que
tout cela est l’expression d’une politique claire sur le rôle de cette économie
mixte?
Vous avez dans
l’opposition eu des mots très durs pendant des années sur le nombre et le
fonctionnement des SEM. Cette montagne de critiques a finalement accouché
d’une souris réformiste.
Est-ce que cette
amélioration apparente du fonctionnement interne est le gage d’une réflexion
stratégique à la hauteur des besoins des Parisiens ?
Y a-t-il une réflexion
sur la taille critique de nos SEM, sur la redéfinition de leur stratégie, sur
la rationalisation de leurs coûts ?
Avons-nous tiré
pour l’avenir les conséquences de la loi du 2 janvier 2002 sur la
modernisation des SEM, notamment en ce qui concerne les nouvelles règles
d’attribution des délégations publiques.
Vous savez très
bien que les SEM traditionnelles ont vécu.
Prenons-nous en
compte le fait que 6 de nos SEM ont été constituées avant la guerre, que 7
d’entre elles ont plus de 30 ans d’existence ?
Il y a un an
j’avais exprimé la position du groupe UDF sur ces 18 sociétés, actrices de
l’économie mixte de la Ville de Paris, et j’y avais inclus le Crédit
Municipal, parce qu’il doit être aussi un instrument de cette forme d’économie
mixte.
J’avais posé
trois questions. Je les repose, car elles sont toujours d’actualité et votre
communication d’aujourd’hui n’y fait toujours pas allusion.
La première
question concerne le nombre de ces SEM.
Elles sont
actuellement dix huit. Elles apparaissent trop nombreuses.
Pourquoi
n’engagez-vous pas une réflexion sur une diminution, comme vous vous étiez
engagé dans l’opposition ?
Si nous le
faisions, l’action économique de la Ville aurait une plus grande lisibilité,
une capacité d’action plus conséquente, avec, à la clé, une diminution du
poids des structures, des sièges sociaux, des équipes et tout simplement des
frais généraux.
Dans le même
ordre d’idées, je m’étonne que nous n’ayons pas songé à une
mutualisation des services que nous pouvons mettre à leur disposition.
La deuxième
question concerne le champ de leurs activités.
Ne serait-il pas
nécessaire qu’une réflexion nouvelle sur la recomposition du champ
d’activités, sur d’autres critères que ceux déjà établis, permette
d’aller dans le sens de ma première remarque, à savoir une diminution de
leur nombre.
Ne serait-il pas
judicieux de démembrer les activités de certaines SEM et regrouper en partie
les activités de gestion et de construction des parcs de logements sociaux
aujourd’hui très dispersés ?
Est-il utile
qu’il existe quatre sociétés d’aménagement, d’équipement de rénovation
et de restauration ?
Ces regroupements
permettraient une plus grande solidité financière et donneraient des atouts
puissants dans toutes les négociations sur les emprunts.
Or l’encours
cumulé de tous les SEM est de plus de 3 milliards d’euros, si je ne me trompe
pas.
C’est ce qui me
conduit à ma troisième question.
Pourquoi
n’utiliserions-nous pas mieux, dans notre action économique, les instruments
bancaires dont la Ville dispose, notamment le Crédit municipal?
N’y aurait-il
pas, alors, dans ce cas, nécessité d’une liaison plus grande entre nos sociétés
et notre banque s’il reçoit l’agrément des autorités de tutelle ?
Ne pourrait-il
pas accueillir l’ensemble des comptes de ces sociétés ?
En dehors de son
rôle social de prêteur sur gages, le Crédit municipal a aussi une activité
concurrentielle. Vous savez qu’elle est en cours de filialisation, mais
malheureusement, à votre demande sans implication de la sphère privée, car
nous sommes encore, à Paris, dans un régime socialiste ancien.
Si le Crédit
Municipal, dont je suis administrateur a retrouvé une gestion de bon père de
famille, il faudrait lui donner plus d’ambition, notamment en le faisant
devenir un opérateur financier pour nos SEM ?
Je ne devrais pas
poser toutes ces questions puisque les nombreux audits que vous avez fait réaliser
sur chacune de ces structures devraient, théoriquement y apporter des réponses.
Mais il manque, malheureusement, le principal, un audit général pour redéfinir
leurs périmètres d’action commune, à l’aune de nouveaux champs d’action
éventuels.
Sortir de nos
frontières mentales du périphérique, de cet esprit, qui a toujours présidé
à la création des SEM parisiennes.
Hormis la SEMAVIP
ou la SOGARIS, aucune d’entre elles n’est une SEM interdépartementale ou
intercommunale.
Dans le grand débat
sur la décentralisation et l’intercommunalité et dans une éventuelle redéfinition
des missions de nos SEM, combien d’opérations pourraient être conduites et
amener enfin Paris à sortir de ses murs et de notre périphérique ?
C’est à tout
cela auquel vous ne pouvez apporter de réponses parce que vous n’y avez pas réfléchi.
Je terminerai en
m’interrogeant sur la réalité de votre politique de stimulation et de développement
économique que vous attribuez aux SEM et le renforcement de leur rôle social.
Je me contenterai
de reprendre la question de mon collègue Eric AZIERE, sur l’efficacité de la
mobilisation des logements vacants par la SIEMP, malgré une rémunération
flatteuse qui permit le recrutement d’agents. Est-ce que la non réponse à
cette question que nous attendons encore est le signe que le succès semble
attendre ?
Vous avez dit que
votre adjointe a relancé l’activité des SEM en dynamique avec la politique
municipale. L’absence de réflexion stratégique de redimensionnement des SEM
est étouffée par la vision statique qui prévaut chez vous. Ou peut- être,
parce qu’il n’y a pas de véritable politique municipale si ce n’est une
continuation d’une politique paresseuse de vos prédécesseurs.
Si j’avais à
porter un jugement je dirais « Vous êtes certainement de bons animateurs,
vous le prouvez de temps en temps, mais vous êtes des amateurs dans
l’expression d’une vision générale de l’action économique mixte dans la
Ville ».
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