Sur le budget primitif 2003

CONSEIL DE PARIS, 9-10 juillet 2001

  

 
 

   Si je comprends bien je suis le premier orateur des deux oppositions qui coexistent au sein du conseil de Paris, l'UDF et l'UMP. J'en suis très fier.

    En décembre 2001, lors de mon intervention sur le budget primitif 2002, je vous rappelais que le budget et l'administration de la ville, les deux instruments fondamentaux qui permettent la mise en œuvre de la politique municipale de votre mandature, comportaient, déjà, en germe, les deux virus, qui vont alourdir la gestion de la ville dans les années à venir et hypothéquer, en partie, toutes les solutions que vous allez proposer aux parisiens pour résoudre leurs problèmes.

Ces deux virus sont :

  • l'augmentation excessive des charges du personnel, élément notable de l'augmentation des frais de fonctionnement Et l'appel sans retenue aux emprunts.

  • Ils n'ont fait que progresser dans le budget que vous nous proposez.

Ils n'ont fait que progresser dans le budget que vous nous proposez.

    Dans ce budget, 795 nouveaux emplois sont créés. En juin 2001 le total du personnel employé par la ville et le conseil général était de 39 385. (37701+1684). Un an et demi plus tard, c'est à dire aujourd'hui, disons plutôt demain matin, lorsque notre budget sera voté, le total des employés de la ville et du conseil général sera de 44 675. (42 772+1903). Soit une augmentation, en un an et demi de 5 290 postes.

    Dans l'analyse de ces chiffres, il faut intégrer les conséquences de votre négociation sur les 35H, nous vous l'avons déjà dit, trop tôt accordés, rapidement négociés, sans tenir compte des recommandations de l'audit de 1998. Ajoutez à cela votre propension génétique à recruter sans fin, doublée d'une gestion chaotique, et vous comprendrez ce chiffre de 5290 emplois supplémentaires en un an et demi.Bien sûr nous sommes d'accord avec vous pour comprendre que dans certains secteurs il faut du personnel supplémentaire, pour les crèches, la sécurité, la propreté, la petite enfance et d'autres.

    Mais nous constatons que de nombreux postes votés sont restés vacants. Dans l'exercice 2002, ils sont 1600(1613). Ils sont annoncés à 1300(1328) dans le projet de budget 2003.

    A quoi sert-il de créer des emplois nouveaux alors qu'il y a 1600 emplois votés au budget qui ne sont pas pourvus ? Pourvoyez les postes non pourvus et accompagnez-les d'un travail conséquent de redéploiement des effectifs et de transformation de postes. Or, pour l'année 2003, le redéploiement prévu des effectifs ne sera que de 160 emplois, soit moins de 0, 4 % de la masse salariale, chiffre tout juste symbolique et loin des enjeux que la capitale doit affronter. Cet effort, aurait dû être effectué, par la municipalité conformément aux préconisations des audits de 1998 et 2001. Il est insignifiant, malgré tout ce que peut dire votre adjoint, chargé de ce secteur.

C'est la raison pour laquelle le groupe UDF a déposé deux amendements, pour vous aider à corriger les conséquences de votre erreur de négociation sur les 35H et pour contribuer à ralentir cette spirale infernale.

    Le Groupe UDF estime inutile le recrutement de ces 795 postes. Tel est l'objet du présent amendement. Si vous ne l'acceptez pas, ce que nous regretterions, nous avons un deuxième amendement qui vous permet de sauver la face, qui propose seulement la création de 160 emplois, mais par contre le redéploiement de 795 postes. Nous espérons que vous aurez la sagesse de l'accepter, pour le plus grand bien des parisiens.

    Si vous ne le faites pas, les dépenses de personnel évaluées à 1,6 milliards d'euros, qui étaient de 35% en 2001, 36,5%, en 2002, atteindront, en 2003, 39 % des dépenses de fonctionnement de la collectivité parisienne. Tout cela contribuera à une progression des dépenses de fonctionnement général, plus de 5,7%, car tout augmente chez vous, même les dépenses d'énergie, ce qui est un comble dans une mairie ou il y a une présence verte aussi importante. (Vous annoncez 5,7%, d'augmentation des frais de fonctionnement, mais vous savez bien que le chiffre réel est de 8%, si vous intégrez la baisse de 19% de votre capacité d'autofinancement). Il est vrai que l'évolution des recettes reste dynamique malgré la crise. (Mais aussi, entre autre, parce que l'Etat semble avoir sur-compensé budgétairement l'incidence de la suppression de la part salariale dans la taxe professionnelle). Par contre vous allez fort sur les autorisations de programme. Elles s'élèvent de 28,6% par rapport au budget primitif de l'année dernière. Leur montant est 1,190 milliards d'euros, auxquelles il faut ajouter 572 millions d'euros de report d'autorisation de paiement de l'année 2002. Au total, pour l'année 2003 il y aura plus de 1,6 milliards réservés aux AP. Il faudra bien les couvrir. Vous avez moins de moyens d'autofinancement et moins de moyens, vous aurez obligatoirement recours à l'augmentation des impôts locaux. Ce sont même vos alliés politiques qui l'affirment. Vous ne voulez pas le faire, alors, vous allez augmenter l'importance des reports des AP dans l'avenir. Mais cela poserait, alors le problème de la sincérité du budget actuel. 

    Au final puisque vous n'utiliserez aucune des deux solutions précitées, du moins nous l'espérons, vous serez mécaniquement obligé d'emprunter de façon plus importante que vous ne l'annonciez, sans compter que ne sont pas programmés dans ce budget les grands projets comme le tramway ou la couverture du périphérique. Cela s'ajoutera aux 10% d'endettement de l'année dernière, les futurs impôts des Parisiens. Vous en êtes conscient, car pour préparer les Parisiens à cette augmentation, vous prenez comme étiage la dette de Paris dans l'année 1997. Mais quelle hypocrisie, lorsque l'on relit vos déclarations à ce moment là. Vous fustigiez, à l'époque, vigoureusement " les déficits épongés par l'emprunt et l'impôt ". Quel changement d'attitude. Pour mémoire les charges de personnel à cette date là n'étaient que de 30%.

    Si toute cette dépense répondait aux vrais enjeux. Mais ce n'est pas le cas. Je ne prendrai que l'exemple du compte foncier. Il enregistre une croissance exponentielle depuis 2001(100 millions € en 2001, 120 M€ en 2002, 200 M€ au BP 2003. Cette augmentation forte de 67%, consiste, comme je vous le disais lors de mon intervention sur vos orientations budgétaires, à préempter des immeubles, très souvent occupés de l'Ouest parisien alors que vous vendez des appartements libres dans ces mêmes quartiers. Pourquoi une telle augmentation, c'est une augmentation folle. Est-ce que cette augmentation se traduit par une augmentation de l'offre de logement ? La Capitale compte 102 000 demandeurs de logements répertoriés, la municipalité devrait s'attacher à mener une politique d'accroissement de l'offre qui permettrait de satisfaire les besoins et de contribuer utilement à la déflation des prix immobiliers. Or l'offre ne croit pas en proportion des sommes investies. C'est la raison de notre troisième amendement. Nous souhaitons minorer de 80 millions d'euros le compte foncier. Mon collègue Eric AZIERE complétera la réflexion sur ce sujet. Il va essayer de vous démontrer que comme chaque fois, les socialistes, vous rêvez la réalité économique, vous voulez la tordre et c'est elle qui se retourne contre vous ?

    Monsieur le maire, après la phase des colloques, la farandole d'audits, la création d'une foultitude de structures de concertation, de discussion, vous vous trouvez au pied du mur. La critique du passé s'émousse, l'effet des constitutions de partie civile hypocrites s'érodent dans le public, les audits en guise de décision irritent, les déclarations péremptoires fatiguent, l'arrosage de crédits s'amplifie, les annonces perdurent, quelques réussites accidentelles surnagent, mais tout cela à quel coût ? On ne sent pas que vous prenez en main le destin de cette ville. Vous commencez à révéler ce que vous êtes. Un conseiller général, auquel les Parisiens ont confié une belle machine, riche et puissante. Vous êtes fasciné par elle, mais au fond de vous-même vous êtes dépassé par elle. Vous ne la contrôlez pas. Elle est comme un tiroir caisse dont vous vous servez en permanence. Vous êtes " border line ". Vous distribuez de l'argent partout, une pluie de subventions à des associations nombreuses et variées, des milliers d'euros, à des associations certaines rapidement créées, peut-être vos futurs scandales. C'est une fuite en avant, qui n'arrive pas à cacher l'absence de ligne directrice à la hauteur du passé et de l'avenir de Paris, la capitale européenne des arts des lettres. Ne prenons qu'un exemple, la culture.

    Vous avez un adjoint que tout le monde respecte et apprécie, mais cela ne fait pas une politique. Vous confondez même culture et animation, Paris plage est présenté comme une grande œuvre culturelle. Dans les choses de l'esprit, vous semblez favoriser l'éphémère mais vous n'aidez pas à marquer le futur d'une création marquante. Que dis-je l'éphémère, même dans un domaine comme les illuminations, Paris se laisse dépasser par des villes comme Lyon. Chez nous, depuis 21 ans les Champs Elysées sont éclairés de la même sorte, répétitives ampoules blanches sans efforts de création, alors que les créateurs sont là et n'attendent qu'un geste de votre part. Seuls les grands magasins font des efforts spectaculaires, mais rien de la part de la municipalité. La seule originalité de l'année sera le retour du scintillement de la Tour Eiffel, initiative de l'ancien maire de Paris.

    C'est votre caractéristique. Vous laissez aux autres l'impulsion de ce qui est important pour les choses de l'esprit, et vous le récupérez après coup. Le plan U3M, c'est l'Etat et vos prédécesseurs qui ont aussi lancé la rénovation du petit palais et le Paris rive gauche. Le 104 rue d'aubervillers, c'est la région. Même Paris Plage est une idée lointaine de Georges SARRE.

    Tout ce qui va marquer l'avenir, à Paris, c'est la politique de l'état, tout ce que vous aurez pu prendre comme décisions, ou comme aide à la décision, l'installation de Sciences politiques à Laennec, la future salle Philharmonique, vous ne l'avez pas fait, vous vous êtes contentés de gérer cela, sans volonté, laissant aux autres le soin de prendre les décisions. J'allais dire vous avez la politique de votre perroquet du musée d'art moderne, ce sont les autres qui décident et vous accompagnez ces choix, en caquetant autour.

    Pour terminer je ne sais comment il faut qualifier votre budget. Comme chaque année les qualificatifs ne manqueront pas ! Quant à moi je dirai c'est un " budget-matelas ", car il est plat comme un matelas, sans aspérité sans pulsion autre que celle que lui donnent les autres, les dormeurs.

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Page mise à jour le lundi 22 décembre 2003 par Nicolas ALEXANDRE .
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