Sur le Budget primitif de l'année 2002

CONSEIL DE PARIS, 17-18 DECEMBRE 2001

 

 
 

Monsieur le Maire, mes Chers Collègues,

Dans mon intervention vous retrouverez les critiques que le groupe UDF avait exprimées, lors des derniers débats budgétaires.

La meilleure pédagogie étant la répétition, je vais en partie les renouveler, tout en n’oubliant pas de rappeler certaines propositions que nous faisons par le biais des amendements que nous avons déposés, en espérant que vous en tiendrez compte, pour le plus grand bien des parisiens.

Les amendements non traités le seront par le président du groupe UDF, lors de l’explication du vote.

 Pour la première fois vous avez complètement en main les deux instruments fondamentaux pour la mise en œuvre de la politique municipale de cette mandature.

Ces deux instruments sont le budget et l’administration de la ville.

 Le premier, même si votre adjoint aux finances essaie de le corseter, comporte déjà, en germe, les deux virus qui vont alourdir la gestion de la ville dans les années à venir et hypothéquer, en partie, toutes les solutions que vous allez proposer aux parisiens pour résoudre leurs problèmes.

 Le premier de ces virus est l’appel aux emprunts.

Presque 10% du budget en supplément, rien que pour cette année. Ce sont des charges financières futures, même si les taux sont bas actuellement, ce seront quand même les impôts de l’avenir.

Vous en êtes bien conscient, car habile communicateur, vous ne cessez de rappeler les augmentations du passé pour vous prémunir déjà contre les augmentations d’impôts que vous serez obligé d’imposer, assez vite, aux parisiens.

 Le second de ces virus est l’augmentation des charges de personnel.

Cette année, c’est 1150 postes au titre de l’ARTT, plus 234 emplois nouveaux qui seront créés, ce qui fait une augmentation de plus de 6%, avec ceux de la lettre rectificative. Cette augmentation va limiter un peu plus les marges de manœuvres budgétaires dans la mesure où les dépenses de personnel vont constituer 36,5% du budget de fonctionnement, contre 35% en 2001.

Ce sera autant, au minimum, l’année prochaine, parce que mécaniquement imposé par votre accord sur les 35H. Cette négociation s’est traduite par une promesse d’augmentation de 6% des effectifs budgétaires, soit 2400 postes, sur deux ans.

Ce n’est qu’un début. Cette belle machine, que constitue l’administration de l’hôtel de ville, va se rapprocher de l’obésité, cela grèvera en partie nos budgets du futur et perturbera certaines des initiatives que nous souhaiterons prendre.

Je ne prendrai qu’un exemple pour éclairer mon propos.

Votre adjoint, chargé de la propreté, avait indiqué, de façon péremptoire comme il sait le faire « zéro crotte de chiens dans les rues de Paris au printemps prochain».

Monsieur le Maire, promenez-vous dans nos rues, organisez régulièrement « les marches ambulatoires » chères à votre première adjointe, et vous constaterez que les rues sont de plus en plus sales, et ce, très récemment. Je n’aurai pas la cruauté de parler de l’état de celles-ci les samedis et les dimanches. Ces jours là, la beauté de notre ville cache difficilement ce laisser aller, et s’apparente, à certains endroits à une des villes d’Europe les plus sales.

Faut-il que les Parisiens prennent eux-mêmes le balai pour nettoyer leur ville ?

Mais vous reconnaissez vous-même, cette carence.

Par contre vous n’avouez pas que la raison essentielle de cette dégradation des choses tient au fait que Monsieur Contassot, malgré sa superbe ou peut-être à cause de sa superbe, s’est cassé le nez sur sa volonté d’organiser le roulement des agents de la propreté, et ce à cause de votre mauvaise négociation sur les 35H.

Tout penaud il nous demande, alors, 297 postes supplémentaires pour ses services.

Est ce de sa faute ?

Oui, mais c’est aussi votre faute et celle de la majorité municipale.

Tout cela vous le savez très bien c’est parce que vous payiez votre négociation sur les 35H, trop tôt accordés et négociés, malgré les satisfecits que vous avez accordés au mois de Juillet, à votre adjoint M Dagnaud.

Trop tôt négociés parce que vous auriez dû avant toute chose, tirer les conséquences de l’audit fait en 1998, qui recommandait de comparer les résultats de chaque direction en fonction des missions qui leur sont affectées, de comparer leurs performances avec celles d’autres grandes villes de France ou d’autres capitales européennes.

Si la négociation de Dagnaud avait été mieux organisée et non pas tête à queue renversée, vous seriez en position de force, pour demander aux agents une façon différente de travailler et pour engager avec les syndicats un travail plus sérieux de redéploiement des effectifs.

Vous ne l’avez pas fait.

Cela entraîne un glissement des charges de personnel dans votre budget ;

C’est la raison pour laquelle, par son amendement numéro 1, le groupe UDF, qui estime qu’un effort de redéploiement des effectifs aurait dû être entrepris, conformément aux préconisations de l’audit de la ville qui avait été réalisé en 1998, propose de limiter la progression des charges de personnel à 3,2%.

Puisque nous sommes sur ce sujet, je ferai une remarque incidente. Croyez-vous que c’est sain que l’administration de notre ville connaisse un taux d’absentéisme de plus de 14 %. N’est-ce pas l’indication que beaucoup de nos agents ne se sentent pas à leur place ou que leurs missions sont mal définies.

La réflexion sur l’organisation de nos services, dans notre administration, est une urgence.

Vos orientations et vos options ne sont pas les nôtres. Sur de nombreux sujets nous sommes en décalage avec vous. Vous avez trop souvent une politique de la poudre aux yeux.

Vous cachez votre absence de politique sur beaucoup de préoccupations des parisiens par des déclamations péremptoires, une communication habile. Votre méthode de gestion des problèmes est simple.

D’abord un audit, une véritable farandole d’audits, ensuite un colloque ou des états généraux comme celui sur les étudiants. Une ou deux tentes devant l’hôtel de ville, trois sandwichs, la visite d’un Premier ministre, votre ami, en pré-campagne présidentielle, quelques subventions à des associations amies et voilà une politique pour les étudiants.

Sympathique mais un peu léger.

Après la farandole d’audits et la phase des colloques vous créez une foultitude de structures de concertation, de discussion.

J’en énumère quelques unes : Le centre de ressources parisien pour les associations, les maisons des associations, les conseils de quartier, l’observatoire de la démocratie locale, les conseils de la vie étudiante, les conseils de jeunesse, le conseil de résidents étrangers non communautaires, les bureau des temps par arrondissement, la maison des étudiants, l’espace du commerce et de l’artisanat, les maisons du développement économique et de l’emploi, un espace entreprise, un espace de la jeune création et des métiers d’art, des crédits pour la création d’un baromètre social première étape vers la création d’un observatoire social, sorte d’AIRPARIF pour mesurer le climat au sein de l’hôtel de ville, l’observatoire du bruit, les deux « maisons d’accueil et de médiation », le conseil scientifique auprès du Maire, 300 000 euros d’un côté, 450 000 de l’autre.

Tout cela a une plus ou moins grande utilité, comme les maisons des associations qui sont une bonne décision, mais surtout cela cache souvent votre incapacité à résoudre les problèmes de fond qui ne sont que superficiellement abordés, ou faits avec précipitation comme la mise en place des adultes relais dans la politique de la Ville sans la formation adéquate qui les accompagne.

Je n’aborderai pas les problèmes de circulation. Des mesures brutales sur les couloirs de bus protégés, en contradiction avec certaines municipalités d’arrondissements, qui certes, ont résolu les problèmes des taxis et des bus, ce qui est positif mais comme c’est mal pensé et brutalement fait vous avez comme résultat, une pollution qui se développe et une circulation chaotique et impossible.

Nous avons de nombreuses différences d’appréciations. Je me contenterai de focaliser l’attention de notre assemblée sur le logement et la sécurité, deux secteurs qui portent en germe de nombreux dysfonctionnements futurs parce que vous les abordez avec des a priori idéologiques.

 Par votre volonté déclarée d’appliquer de façon mécanique la loi SRU, vous êtes en train de casser le marché de l’immobilier parisien. Vouloir imposer aux promoteurs privés d’inclure dans tout leur programme 20% de logements sociaux, quel que soit l’arrondissement et la situation du marché, est une stupidité qui, en deux ans va casser ce marché et entraîner une diminution importante, de la construction de nouveaux logements dans notre ville.

Vous le savez bien alors pour compenser cela vous augmentez votre compte foncier de 27%.

Je dirai que si c’est pour racheter au promoteur le site de l’hôpital Laennec, une fois sa situation juridique clarifiée, pour y installer en totalité l’école de Sciences Politiques, nous soutiendrons cette augmentation.

Mais si c’est une ligne de crédit à la disposition de la pulsion préemptive de Monsieur Mano, pour mener une politique d’achat dans les beaux quartiers, qui confine à l’absurde, sur des charges foncières fortes ou des immeubles occupés, alors nous sommes contre.

Je vous rappelle à ce propos, alors qu’il nous arrive de passer un temps fou sur des subventions de l’ordre de 50 000F, que cette ligne de crédit conséquente de 120M d’euros, ne fait l’objet d’aucun contrôle du Conseil de Paris. Dans un souci de transparence il serait peut-être de bon aloi que chaque trimestre les élus disposent d’une information sur l’utilisation de ces fonds.

Si le marché de l’immobilier est cassé dans le futur, votre politique de mise en œuvre des 3500 PLA que vous lancez ne résoudra pas le problème du logement des parisiens et encore moins celui des classes moyennes et des jeunes couples, les grands oubliés de votre politique,

Depuis 20 ans, la Ville de Paris a initié et mis en œuvre une politique de logement intermédiaire ayant fait l’objet d’un accord et d’un financement lors du contrat Etat Ville de 1984 (Gouvernement Mauroy) et d’un accord complémentaire en mars 1990 (Gouvernement Rocard).

Cette politique a été conçue pour permettre aux classes moyennes et aux jeunes couples dont les revenus dépassent le plafond PLA mais ne leur permettent pas d’accéder aux logements du parc privé de pouvoir continuer à se loger à Paris.

La suppression du logement intermédiaire que vous programmez, serait dramatique, compte tenu du niveau des loyers du secteur libre à Paris pour de très nombreux Parisiens.

C’est la raison pour laquelle le Groupe UDF propose donc, par son amendement numéro 7, d’affecter pour redémarrer ces programmes PLI, 20 % des acquisitions foncières prévues au Budget Primitif afin de pouvoir réaliser dans un premier temps 700 logements intermédiaires au moins par an sur Paris.

Quelles que soient les statistiques l’insécurité est en progression effarante, vous le savez bien. Elle est la préoccupation première des parisiens. Face à cela ils ont l’impression d’avoir un gouvernement impuissant à contenir cette délinquance quotidienne et encore moins à les rassurer.

Cette impuissance s’exprime de façon caricaturale par la façon dont est géré le problème des jeunes roumains, je ne prendrai que cet exemple. Ils pillent régulièrement nos horodateurs, échappent à toute mesure d’incarcération et ne peuvent être reconduits à la frontière. Ils ne respectent ni les règles, ni l’autorité. Ils sont de plus en plus hardis et insolents.

Alors est-ce que parce que leur situation est triste, la plupart n’ayant le choix qu’entre le vol et la prostitution, qu’il faut manifester autant d’impuissance ?

Tout cela désespère les policiers, les Parisiens. Les citoyens honnêtes en ont assez et ne rêvent que d’une seule chose que les tenants de l’autorité fassent preuve d’autorité.

Que nous proposez-vous?

La même impuissance que vos amis du gouvernement.

Les parisiens ont l’impression que les agents de notre ville ne s’occupent que d’une circulation que vous avez vous-même rendue impossible, ils ne voient que des agents qui mettent des PV, qui pour la plupart ne seront jamais honorés, alors que devant leurs yeux prolifèrent, en toute impunité, les actes de petite délinquance.

Ils rêvent d’avoir des agents de la force publique qui les protègent, qui manifestent de l’autorité qui puisse faire respecter une loi égale pour tous. 

Et ce n’est pas faute de payer si nous faisons l’inventaire de tout ce que la ville finance.

En date du 14 décembre 1999, par un amendement sur le budget 2000, l’UDF avait été à l’origine de la création de la « Direction Municipale de la Sécurité et de la Prévention » à la Ville de Paris qui devait intégrer les 1531 agents de sécurité de la Ville du moment et les 1646 agents contractuels gérés par la Préfecture de Police.

Ces effectifs ont été accrus, par la suite et par vous, par les 500 agents locaux de médiation sociale (ALMS) votés dans le budget 2001. Ils seront, dans ce budget, encore augmentés par le recrutement de 100 inspecteurs de sécurité et 500 agents locaux de médiation sociale (ALMS) supplémentaires.

C’est ainsi plus de 4277 agents que la ville finance.

Quelle belle force si elle était organisée !

C’est la raison pour laquelle dans son amendement numéro 5 l’UDF demande que tous ces effectifs soient gérés par la « Direction Municipale de la Sécurité et de la Prévention » et regroupés dans une « Force Municipale de Sécurité pour Paris » (FMSP).

Celle-ci pourrait être opérationnelle à partir de 15 commissariats de la FMSP, bénéficiant d’un numéro unique d’appel gratuit, ayant des missions complémentaires de la Police Nationale pour la soulager dans son action contre la délinquance.

Ces missions pourraient être des mission de Police Administrative (Surveillance et Protection d’Immeubles municipaux - Police des Foires et Marchés), des mission de Police Préventive (Respect de la Propreté, Circulation et Stationnement - Sortie des Ecoles, Assistance aux personnes âgées, Ilotage, protection des horodateurs, Présence dans les transports en commun), des missions de constat d’infraction à la loi pénale.

Un budget « en carton pâte », « un budget raté », « en décalage entre discours et réalité », «un budget marqué idéologiquement », « un budget qui veut faire le bonheur des parisiens malgré eux », les qualificatifs ne manquent pas et n’ont pas manqué ce matin.

Pour nous l’orientation de ce budget, comme chaque fois avec vous, les socialistes, cache des bombes à retardement et des blocages futurs que les parisiens vont devoir payer.

Puissiez-vous l’infléchir sur les grandes priorités à partir des propositions précises et positives du groupe UDF qu’il a faites dans l’intérêt des Parisiens.

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Page mise à jour le lundi 22 décembre 2003 par Nicolas ALEXANDRE .
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