Monsieur le Maire, mes Chers
Collègues,
Dans mon intervention vous
retrouverez les critiques que le groupe UDF avait exprimées, lors des derniers
débats budgétaires.
La meilleure pédagogie étant
la répétition, je vais en partie les renouveler, tout en n’oubliant pas de
rappeler certaines propositions que nous faisons par le biais des amendements
que nous avons déposés, en espérant que vous en tiendrez compte, pour le plus
grand bien des parisiens.
Les amendements non traités
le seront par le président du groupe UDF, lors de l’explication du vote.
Pour la première fois
vous avez complètement en main les deux instruments fondamentaux pour la mise
en œuvre de la politique municipale de cette mandature.
Ces deux instruments sont le
budget et l’administration de la ville.
Le premier, même si
votre adjoint aux finances essaie de le corseter, comporte déjà, en germe, les
deux virus qui vont alourdir la gestion de la ville dans les années à venir et
hypothéquer, en partie, toutes les solutions que vous allez proposer aux
parisiens pour résoudre leurs problèmes.
Le premier de ces virus
est l’appel aux emprunts.
Presque 10% du budget en supplément,
rien que pour cette année. Ce sont des charges financières futures, même si
les taux sont bas actuellement, ce seront quand même les impôts de l’avenir.
Vous en êtes bien conscient,
car habile communicateur, vous ne cessez de rappeler les augmentations du passé
pour vous prémunir déjà contre les augmentations d’impôts que vous serez
obligé d’imposer, assez vite, aux parisiens.
Le second de ces virus
est l’augmentation des charges de personnel.
Cette année, c’est 1150
postes au titre de l’ARTT, plus 234 emplois nouveaux qui seront créés, ce
qui fait une augmentation de plus de 6%, avec ceux de la lettre rectificative.
Cette augmentation va limiter un peu plus les marges de manœuvres budgétaires
dans la mesure où les dépenses de personnel vont constituer 36,5% du budget de
fonctionnement, contre 35% en 2001.
Ce sera autant, au minimum,
l’année prochaine, parce que mécaniquement imposé par votre accord sur les
35H. Cette négociation s’est traduite par une promesse d’augmentation de 6%
des effectifs budgétaires, soit 2400 postes, sur deux ans.
Ce n’est qu’un début.
Cette belle machine, que constitue l’administration de l’hôtel de ville, va
se rapprocher de l’obésité, cela grèvera en partie nos budgets du futur et
perturbera certaines des initiatives que nous souhaiterons prendre.
Je ne prendrai qu’un exemple
pour éclairer mon propos.
Votre adjoint, chargé de la
propreté, avait indiqué, de façon péremptoire comme il sait le faire
« zéro crotte de chiens dans les rues de Paris au printemps prochain».
Monsieur le Maire,
promenez-vous dans nos rues, organisez régulièrement « les marches
ambulatoires » chères à votre première adjointe, et vous constaterez
que les rues sont de plus en plus sales, et ce, très récemment. Je n’aurai
pas la cruauté de parler de l’état de celles-ci les samedis et les
dimanches. Ces jours là, la beauté de notre ville cache difficilement ce
laisser aller, et s’apparente, à certains endroits à une des villes d’Europe
les plus sales.
Faut-il que les Parisiens
prennent eux-mêmes le balai pour nettoyer leur ville ?
Mais vous reconnaissez vous-même,
cette carence.
Par contre vous n’avouez pas
que la raison essentielle de cette dégradation des choses tient au fait que
Monsieur Contassot, malgré sa superbe ou peut-être à cause de sa superbe,
s’est cassé le nez sur sa volonté d’organiser le roulement des agents de
la propreté, et ce à cause de votre mauvaise négociation sur les 35H.
Tout penaud il nous demande,
alors, 297 postes supplémentaires pour ses services.
Est ce de sa faute ?
Oui, mais c’est aussi votre
faute et celle de la majorité municipale.
Tout cela vous le savez très
bien c’est parce que vous payiez votre négociation sur les 35H, trop tôt
accordés et négociés, malgré les satisfecits que vous avez accordés au mois
de Juillet, à votre adjoint M Dagnaud.
Trop tôt négociés parce que
vous auriez dû avant toute chose, tirer les conséquences de l’audit fait en
1998, qui recommandait de comparer les résultats de chaque direction en
fonction des missions qui leur sont affectées, de comparer leurs performances
avec celles d’autres grandes villes de France ou d’autres capitales européennes.
Si la négociation de Dagnaud
avait été mieux organisée et non pas tête à queue renversée, vous seriez
en position de force, pour demander aux agents une façon différente de
travailler et pour engager avec les syndicats un travail plus sérieux de redéploiement
des effectifs.
Vous ne l’avez pas fait.
Cela entraîne un glissement
des charges de personnel dans votre budget ;
C’est la raison pour
laquelle, par son amendement numéro 1, le groupe UDF, qui estime qu’un effort
de redéploiement des effectifs aurait dû être entrepris, conformément aux préconisations
de l’audit de la ville qui avait été réalisé en 1998, propose de limiter
la progression des charges de personnel à 3,2%.
Puisque nous sommes sur ce
sujet, je ferai une remarque incidente. Croyez-vous que c’est sain que
l’administration de notre ville connaisse un taux d’absentéisme de plus de
14 %. N’est-ce pas l’indication que beaucoup de nos agents ne se sentent pas
à leur place ou que leurs missions sont mal définies.
La réflexion sur
l’organisation de nos services, dans notre administration, est une urgence.
Vos orientations et vos
options ne sont pas les nôtres. Sur de nombreux sujets nous sommes en décalage
avec vous. Vous avez trop souvent une politique de la poudre aux yeux.
Vous cachez votre absence de
politique sur beaucoup de préoccupations des parisiens par des déclamations péremptoires,
une communication habile. Votre méthode de gestion des problèmes est simple.
D’abord un audit, une véritable
farandole d’audits, ensuite un colloque ou des états généraux comme celui
sur les étudiants. Une ou deux tentes devant l’hôtel de ville, trois
sandwichs, la visite d’un Premier ministre, votre ami, en pré-campagne présidentielle,
quelques subventions à des associations amies et voilà une politique pour les
étudiants.
Sympathique mais un peu léger.
Après la farandole d’audits
et la phase des colloques vous créez une foultitude de structures de
concertation, de discussion.
J’en énumère quelques unes
: Le centre de ressources parisien pour les associations, les maisons des
associations, les conseils de quartier, l’observatoire de la démocratie
locale, les conseils de la vie étudiante, les conseils de jeunesse, le conseil
de résidents étrangers non communautaires, les bureau des temps par
arrondissement, la maison des étudiants, l’espace du commerce et de
l’artisanat, les maisons du développement économique et de l’emploi, un
espace entreprise, un espace de la jeune création et des métiers d’art, des
crédits pour la création d’un baromètre social première étape vers la création
d’un observatoire social, sorte d’AIRPARIF pour mesurer le climat au sein de
l’hôtel de ville, l’observatoire du bruit, les deux « maisons
d’accueil et de médiation », le conseil scientifique auprès du Maire,
300 000 euros d’un côté, 450 000 de l’autre.
Tout cela a une plus ou moins
grande utilité, comme les maisons des associations qui sont une bonne décision,
mais surtout cela cache souvent votre incapacité à résoudre les problèmes de
fond qui ne sont que superficiellement abordés, ou faits avec précipitation
comme la mise en place des adultes relais dans la politique de la Ville sans la
formation adéquate qui les accompagne.
Je n’aborderai pas les problèmes
de circulation. Des mesures brutales sur les couloirs de bus protégés, en
contradiction avec certaines municipalités d’arrondissements, qui certes, ont
résolu les problèmes des taxis et des bus, ce qui est positif mais comme
c’est mal pensé et brutalement fait vous avez comme résultat, une pollution
qui se développe et une circulation chaotique et impossible.
Nous avons de nombreuses différences
d’appréciations. Je me contenterai de focaliser l’attention de notre
assemblée sur le logement et la sécurité, deux secteurs qui portent en germe
de nombreux dysfonctionnements futurs parce que vous les abordez avec des a
priori idéologiques.
Par votre volonté déclarée
d’appliquer de façon mécanique la loi SRU, vous êtes en train de casser le
marché de l’immobilier parisien. Vouloir imposer aux promoteurs privés
d’inclure dans tout leur programme 20% de logements sociaux, quel que soit
l’arrondissement et la situation du marché, est une stupidité qui, en deux
ans va casser ce marché et entraîner une diminution importante, de la
construction de nouveaux logements dans notre ville.
Vous le savez bien alors pour
compenser cela vous augmentez votre compte foncier de 27%.
Je dirai que si c’est pour
racheter au promoteur le site de l’hôpital Laennec, une fois sa situation
juridique clarifiée, pour y installer en totalité l’école de Sciences
Politiques, nous soutiendrons cette augmentation.
Mais si c’est une ligne de
crédit à la disposition de la pulsion préemptive de Monsieur Mano, pour mener
une politique d’achat dans les beaux quartiers, qui confine à l’absurde,
sur des charges foncières fortes ou des immeubles occupés, alors nous sommes
contre.
Je vous rappelle à ce propos,
alors qu’il nous arrive de passer un temps fou sur des subventions de
l’ordre de 50 000F, que cette ligne de crédit conséquente de 120M d’euros,
ne fait l’objet d’aucun contrôle du Conseil de Paris. Dans un souci de
transparence il serait peut-être de bon aloi que chaque trimestre les élus
disposent d’une information sur l’utilisation de ces fonds.
Si le marché de
l’immobilier est cassé dans le futur, votre politique de mise en œuvre des
3500 PLA que vous lancez ne résoudra pas le problème du logement des parisiens
et encore moins celui des classes moyennes et des jeunes couples, les grands
oubliés de votre politique,
Depuis 20 ans, la Ville de
Paris a initié et mis en œuvre une politique de logement intermédiaire ayant
fait l’objet d’un accord et d’un financement lors du contrat Etat Ville de
1984 (Gouvernement Mauroy) et d’un accord complémentaire en mars 1990
(Gouvernement Rocard).
Cette politique a été conçue
pour permettre aux classes moyennes et aux jeunes couples dont les revenus dépassent
le plafond PLA mais ne leur permettent pas d’accéder aux logements du parc
privé de pouvoir continuer à se loger à Paris.
La suppression du logement
intermédiaire que vous programmez, serait dramatique, compte tenu du niveau des
loyers du secteur libre à Paris pour de très nombreux Parisiens.
C’est la raison pour
laquelle le Groupe UDF propose donc, par son amendement numéro 7, d’affecter
pour redémarrer ces programmes PLI, 20 % des acquisitions foncières prévues
au Budget Primitif afin de pouvoir réaliser dans un premier temps 700 logements
intermédiaires au moins par an sur Paris.
Quelles que soient les
statistiques l’insécurité est en progression effarante, vous le savez bien.
Elle est la préoccupation première des parisiens. Face à cela ils ont
l’impression d’avoir un gouvernement impuissant à contenir cette délinquance
quotidienne et encore moins à les rassurer.
Cette impuissance s’exprime
de façon caricaturale par la façon dont est géré le problème des jeunes
roumains, je ne prendrai que cet exemple. Ils pillent régulièrement nos
horodateurs, échappent à toute mesure d’incarcération et ne peuvent être
reconduits à la frontière. Ils ne respectent ni les règles, ni l’autorité.
Ils sont de plus en plus hardis et insolents.
Alors est-ce que parce que
leur situation est triste, la plupart n’ayant le choix qu’entre le vol et la
prostitution, qu’il faut manifester autant d’impuissance ?
Tout cela désespère les
policiers, les Parisiens. Les citoyens honnêtes en ont assez et ne rêvent que
d’une seule chose que les tenants de l’autorité fassent preuve d’autorité.
Que nous proposez-vous?
La même impuissance que vos
amis du gouvernement.
Les parisiens ont
l’impression que les agents de notre ville ne s’occupent que d’une
circulation que vous avez vous-même rendue impossible, ils ne voient que des
agents qui mettent des PV, qui pour la plupart ne seront jamais honorés, alors
que devant leurs yeux prolifèrent, en toute impunité, les actes de petite délinquance.
Ils rêvent d’avoir des
agents de la force publique qui les protègent, qui manifestent de l’autorité
qui puisse faire respecter une loi égale pour tous.
Et ce n’est pas faute de
payer si nous faisons l’inventaire de tout ce que la ville finance.
En date du 14 décembre 1999,
par un amendement sur le budget 2000, l’UDF avait été à l’origine de la
création de la « Direction Municipale de la Sécurité et de la Prévention »
à la Ville de Paris qui devait intégrer les 1531 agents de sécurité de la
Ville du moment et les 1646 agents contractuels gérés par la Préfecture de
Police.
Ces effectifs ont été accrus,
par la suite et par vous, par les 500 agents locaux de médiation sociale (ALMS)
votés dans le budget 2001. Ils seront, dans ce budget, encore augmentés par le
recrutement de 100 inspecteurs de sécurité et 500 agents locaux de médiation
sociale (ALMS) supplémentaires.
C’est ainsi plus de 4277
agents que la ville finance.
Quelle belle force si elle était
organisée !
C’est la raison pour
laquelle dans son amendement numéro 5 l’UDF demande que tous ces effectifs
soient gérés par la « Direction Municipale de la Sécurité et de la Prévention »
et regroupés dans une « Force Municipale de Sécurité pour Paris »
(FMSP).
Celle-ci pourrait être opérationnelle
à partir de 15 commissariats de la FMSP, bénéficiant d’un numéro unique
d’appel gratuit, ayant des missions complémentaires de la Police Nationale
pour la soulager dans son action contre la délinquance.
Ces missions pourraient être
des mission de Police Administrative (Surveillance et Protection d’Immeubles
municipaux - Police des Foires et Marchés), des mission de Police Préventive
(Respect de la Propreté, Circulation et Stationnement - Sortie des Ecoles,
Assistance aux personnes âgées, Ilotage, protection des horodateurs, Présence
dans les transports en commun), des missions de constat d’infraction à la loi
pénale.
Un budget « en carton pâte »,
« un budget raté », « en décalage entre discours et réalité »,
«un budget marqué idéologiquement », « un budget qui veut faire
le bonheur des parisiens malgré eux », les qualificatifs ne manquent pas
et n’ont pas manqué ce matin.
Pour nous l’orientation de
ce budget, comme chaque fois avec vous, les socialistes, cache des bombes à
retardement et des blocages futurs que les parisiens vont devoir payer.
Puissiez-vous l’infléchir
sur les grandes priorités à partir des propositions précises et positives du
groupe UDF qu’il a faites dans l’intérêt des Parisiens.
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