Paris est, sans
chauvinisme aucun, la plus belle ville du monde.
A chaque
tournant, dans chaque rue, sur chaque monument, dans l’alignement des
constructions nous voyons ce que l’histoire nous a laissé, ce que la main de
l’homme a produit de beauté, d’équilibre et d’intelligence.
Mais la beauté
de notre ville n’est pas seulement le fruit du hasard et de l’histoire.
Derrière chaque
arbre, chaque pierre nous trouvons l’action de nos fonctionnaires.
Paris reste une
belle ville parce qu’il y a une belle machine municipale.
Monsieur le Maire
vous avez hérité, en devenant le premier magistrat de notre capitale, d’une
des plus belles administrations municipales du monde, qui doit rendre jaloux
tous vos collègues qui vous ont porté à la présidence de l’association
internationale des maires des grandes villes.
Mais cette
machine de 40 000 fonctionnaires regroupant 147 métiers doit avoir confiance en
ceux qui sont chargés de l’animer, les élus et surtout ceux de l’exécutif.
Or les attaques
qu’elle a subies ces derniers temps ne sont pas dignes.
Lorsque Monsieur
Contassot tout frais émoulu dans ses nouvelles fonctions déclare dans la
presse que certains directeurs savent tout juste lire et écrire, je cite de mémoire.
Ce n’est pas
digne.
Lorsque nous découvrons
dans le journal Libération du 2 juillet, les déclarations téléguidées
donnant à croire que l’action de la nouvelle municipalité serait entravée
par une administration pléthorique, archaïque, politisée et déloyale.
Ce n’est pas
digne.
Monsieur
Jean-Jacques Aillagon a eu raison de vous adresser cette lettre ouverte dans le
figaro du 6 juillet. Des élus auraient dû le faire.
A la suite de
cette lettre, Monsieur le maire, vous vous êtes senti obligé, parce que trop
c’est trop, de rappeler dans votre tribune libre du Figaro d’hier qu’il
faut d’abord un exécutif qui porte un projet et une administration qui,
associée, consultée, respectée assure sa mise en œuvre au nom de l'intérêt
général.
Vous avez raison.
Vous
affirmez, en outre, que les grands directeurs de la ville s’ils peuvent
conseiller ne peuvent prendre les décisions à la place des adjoints concernés.
Vous avez raison.
Mais
permettez aux membres du groupe UDF d’émettre quelques interrogations à ce
propos. Vous affirmez un principe et nous vous suivons mais êtes-vous sûr que
dans le système de pouvoir que vous avez mis en place, les membres de votre
cabinet ne vont-ils pas prendre une place qui ne correspond pas à leurs
responsabilités politiques, notamment à l’égard de vos adjoints et des élus.
Nous osons
l’espérer.
Nous avons aussi
parfaitement en mémoire que lors de la précédente mandature nous avions été
surpris par l’engagement du comportement et l’action politique du précédent
secrétaire général. Il y avait là une dérive à l’égard de la déontologie
du poste.
Nous ne doutons
pas de votre volonté d’en faire respecter les principes mais permettez-nous
de nous interroger lorsqu’à l’occasion d’une de ses sorties normales sur
le terrain, le nouveau secrétaire général de la ville ait jugé nécessaire
d’être accompagné par la presse.
Notre
administration parisienne doit être au service des parisiens sous l’autorité
d’élus respectés et qui surtout la respectent.
Il faut donc
qu’elle ait confiance et dispose des moyens de fonctionner.
Elle saura
se moderniser et accomplir le travail qu’on lui demande.
C’est dans cet
esprit que dans le cadre du décret du 25 août 2000, vous nous demandez
d’approuver les dispositions du protocole d’accord cadre relatif à l’aménagement /réduction
du temps de travail, plus prosaïquement appelé accord sur les 35H.
Nous ne vous étonnerons
pas en vous disant que le groupe UDF , à l’origine de la loi Robien, première
loi abordant le concept de réduction du temps de travail, considère que les
35H sont une nécessité d’adaptation à la vie moderne mais que vous, les
socialistes, l’avez détournée de son but par son côté autoritaire,
centralisé, technocratique, rigide et inadapté, que vous lui avez donné.
Je me
contenterai de vous rappeler que chaque emploi de la loi Aubry, créé dans le
privé, si l’on en croit le dernier rapport du commissariat général du plan
coûte 200 000F, alors que le coût annuel d’un emploi dit « de Robien »
avait été évalué par l’OFCE à 39 000F sur les cinq premières années.
Dans le secteur
public le gouvernement explique que l’application des 35h se fera sans création
d’emploi. La ville de Paris est peut être une exception, car en commission du
budget et lors de la discussion budgétaire d’hier votre adjoint aux finances
a annoncé, au 01/01/2002, la création de 1000 emplois supplémentaires, pour
un montant de 250 millions de francs et il a ajouté que d’autres emplois
seraient créés par la suite, sans préciser le nombre.
Par une dépêche
AFP nous avons appris que le protocole d’accord à Paris induisait la création
de 6% d’emplois des effectifs budgétaires.
Or au 1er juin
2001 nous avions, entre le département et la ville, 39 385 postes en effectifs
budgétaires et 38 485 en poste réel.
Si donc nous créons
6% des effectifs budgétaires, et si mon ordinateur ne s’est pas trompé, cela
devrait donner 2358 emplois supplémentaires qui vont alourdir nos prochains
budgets.
Sauf si vous me dîtes
que je fais erreur, il est normal que les élus du conseil de Paris aient plus
de précisions, que nous puissions connaître l’échéancier et le nombre
d’emplois que vous allez créer.
Et nous ne tenons
pas compte du fait que le plan de formation évalué en 2000, à 2,7% de la
masse salariale atteindra au moins 3,5% en 2006.
Cette formation
est évidemment nécessaire, à condition qu’elle ne soit pas une « formation
de confort » pour nos agents mais qu’elle soit faite pour améliorer sa
qualité pour mieux servir les Parisiens.
Hier lors du débat
budgétaire nous avons émis des doutes sur vos capacités à tenir vos budgets
futurs. A la lecture de ces chiffres, s’ils se confirment, nous ne pouvons que
manifester une profonde interrogation et une inquiétude sur les futures dérives
budgétaires auxquelles nous allons très certainement assister.
Nous avons aussi
une autre interrogation. Quel est le chiffre exact du temps de travail que
vont effectuer nos agents.
Dans l’accord
cadre, les agents de l’administration parisienne feront maintenant 35H, en
dehors de ceux qui ont des sujétions particulières, ce qui est normal.
Le décret du
25/08/2000 indique que le décompte du temps de travail est réalisé sur la
base d’une durée annuelle de travail effectif de 1600H maximums.
Mais je n’ai
pas bien compris si les 4 jours d’hiver et les 4 jours traditionnellement
accordés par le maire sont considérés comme des avantages acquis, s’ils
sont introduits dans le décompte de l’année, et dans le cas contraire cela
impliquerait que le plafond d’heures ne serait pas 35H, mais en réalité un
peu moins.
Je ne demande
qu’à comprendre et les Parisiens ont besoin de savoir l’exacte vérité,
car il s’agit de leurs impôts.
Hier nous vous
avons reproché d’avoir une action brouillonne, je pourrais dire la même
chose aujourd’hui.
Nous avons
l’impression, même si vous avez eu douze réunions de négociations étalées
sur cinq semaines, que cet accord est un peu rapide et peu pensé.
Nous avons aussi
l’impression que vous marchez la tête à l’envers.
Aucune
application des 35H n’aurait du être engagée sans qu’une garantie de
qualité et une continuité de service public ne soit assurée et vérifiée.
Bien sûr vous êtes
tenu par le décret loi qui fixe une date impérative, mais nous n’étions pas
à deux ou trois mois près, nous aurions pu attendre quelques temps, connaître
le résultat de l’audit que vous avez lancé, attendre de connaître les coûts
des différentes prestations que chaque direction propose et apprécier leur
pertinence. Nous aurons pu comparer les résultats de chaque direction en
fonction des missions qui leurs sont affectées. Nous aurons pu comparer leurs
performances avec ceux d’autres grandes villes de France ou d’autres
capitales européennes et en discuter, tranquillement au sein du conseil de
Paris de façon plus sérieuse et plus réfléchie, tout cela, ayant, bien sur,
des incidences sur le recrutement et le redéploiement des effectifs futurs.
Nous sommes
aussi surpris que les usagers de notre administration n’aient pas été
consultés.
Mais puisque
vous mettez en place un groupe de pilotage permanent, si ce n’est pas une
commission administrative paritaire statutaire, mais une initiative de la ville
de Paris, que nous trouvons bonne, dans ce cas, pourquoi ne pas introduire la
participation des usagers.
C’est pour eux
que l’administration existe et en plus c’est eux qui paient.
Le groupe UDF a
les plus grands doutes sur la façon dont vous appliquez les 35 H. Nous ne
sommes pas sûr que cela ne risque pas de handicaper la bonne marche de nos
services. Faites attention que la façon dont vous avez géré cet accord-cadre
ne devienne pour nos agents un « acquis mortifères », au lieu
d’une espérance de modernisation.
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